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Liberté 1 - L'Observatoire Audiovisuel sur les Libertés
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15 mars 2008

LES PENDULES A L’HEURE DE L’OCI

Ce week-end s’est tenue à New York une grande conférence sur le thème : « Tolérance, démocratie et soufisme au Sénégal ». Elle était organisée par l’université Columbia avec la participation d’éminents professeurs venus du monde entier dont plusieurs érudits sénégalais. Simple hasard du calendrier, cette rencontre a lieu peu avant le onzième sommet de l’Organisation de la Conférence Islamique au Sénégal. C’est dire que le particularisme sénégalais, pays démocratique au sein de la Ummah, intéresse à plus d’un titre. Ce même pays accueille, pour la deuxième fois le sommet de l’OCI. Il faudrait dire d’abord que le succès ou l’échec de ce sommet ne saurait dépendre des émargements sur la feuille de la présence. C’est un faux débat qui permet d’occulter les vrais problèmes. Dans ce sens, les journaux sénégalais n’ont pas aidé. A les lire, j’ai eu l’impression que les enjeux se limitaient à la réalisation d’un tronçon de route sur la façade ouest de la capitale. Les slogans réducteurs de l’ANOCI ont renforcé la confusion : « ANOCI Corniche-ouest », « en route vers le sommet », « une aubaine pour les sociétés de location de voitures », « génération du concret » et j’en passe. On dirait que ceux qui ont en charge de préparer cette rencontre ne maîtrisent pas la portée qui va au-delà du Sénégal et de tout calcul politicien. L’OCI ne peut être un tremplin, réel ou supposé, pour se jeter en politique. Maintenant que les lampes sont allumées sur la Corniche, il est temps de sortir du tunnel pour tenter de voir les vrais enjeux. Près de 56 pays représentés à Dakar quelles seront les réponses aux questions brûlantes qui se posent à l’Islam au vingt-et-unième siècle ? DEMAIN LES MUSULMANS. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis l’incendie de la mosquée Al Aqsa qui a contribué à la naissance de l’OCI. A sa dixième conférence en Octobre 2003 en Malaisie, le communiqué final contenait, excusez du peu, 109 points. Un glossaire de voeux pieux qui dénonçait le terrorisme, la pauvreté, l’analphabétisme, la dure condition de la femme, mais dont une bonne partie était consacrée au conflit israélo-palestinien. A ce propos que disait l’OCI ? « Elle réaffirme la nécessité d’un Etat palestinien avec Al-Qods Al-Charif pour capitale... demande au Quartet de redoubler d’efforts en vue d’une paix juste et durable au Moyen-Orient ». Fin de citation et aveu d’impuissance. Cette année encore, en représailles aux attaques répétées du Hamas, les tanks israéliens viennent de quitter la bande de Gaza, laissant derrière eux la désolation et la terreur. Des ONG britanniques crient au scandale face au blocus israélien. Pour les citer, « la situation humanitaire dans les territoires palestiniens est la pire depuis 1967 ». Que vont redire nos chefs d’Etat à Dakar ? De simples déclarations pour calmer des opinions publiques intérieures ne suffiront pas. Il faudra une approche, plus pratique et plus courageuse, pour des solutions justes à la question palestinienne et aux préoccupations israéliennes. Peut-on parler d’Israël sans parler du Darfour situé en terre africaine et dont les malheurs sont orchestrés par le gouvernement musulman du Soudan ? Des puissances occidentales, parlent de « génocide » mais refusent de s’impliquer directement pour arrêter les atrocités. L’Union Africaine, malgré sa bonne volonté, a prouvé qu’elle n’a pas les moyens de faire cesser ce conflit paradoxal. Un accord, le cinquième du genre, a été signé en mai dernier à Ryad entre le Soudan et Tchad. Le Sénégal qui tente une médiation bien difficile avait aussi promis, à certaines conditions, de tripler sa force dans la région. Seulement, maintenir la paix au Darfour n’a jamais été une garantie de paix définitive. Que vont dire nos chefs d’Etat musulmans au gouvernement musulman de Khartoum pour que cessent, au moins, les incursions meurtrières des milices Janjaweed musulmanes contre des populations innocentes et de surcroît musulmanes ? Il y a peu d’espoir car l’OCI est une organisation politique qui, à travers toute son histoire, a rarement brillé par sa capacité à résoudre les conflits. L’ECONOMIE DES PAUVRES. « Ikhra » dit le Coran. C’est le premier verset descendu au prophète Muhammad (Psl). Selon le professeur Abdoul Aziz Kébé, islamologue respecté, dans une récente interview au quotidien national, « Ikhra » ou la recherche de la connaissance est la première interpellation faite aux musulmans. Mais ce sont des pays musulmans qui sont au plus bas de l’échelle par rapport au taux d’alphabétisation. Qui profite de l’obscurantisme ? Sans commentaire. A voir les indices du développement humain publiés par le PNUD, chaque année plusieurs pays musulmans sont classés en bas de tableau. La lutte contre la pauvreté n’est pas une campagne de charité au nom de la « zakat ». Selon Kemal Dervis, administrateur du PNUD, « le développement humain ne peut se nourrir uniquement de la croissance économique. C’est une mission d’autonomisation. Sur un milliard de personnes les plus démunies de la planète, les trois cinquièmes sont des femmes » et la plupart musulmanes. L’émancipation entière des femmes est donc une force sans pareil pour tous les pays musulmans. Malheureusement nous avons tous suivi l’histoire de cette dame violée en Arabie Saoudite puis jetée en prison pour avoir osé porter plainte contre ses agresseurs. Une grâce royale se suffira pas pour faire oublier que beaucoup de femmes dans le monde musulman vivent encore enfermées dans les cavernes ou devrais-je dire les voiles du moyen-âge. L’OMI, office des migrations internationales, dénonce souvent l’esclavage sexuel dont sont victimes des femmes dans certaines monarchies pétrolières. Sans parler du racisme sans égal subi par les populations noires et musulmanes dans beaucoup de pays arabes et musulmans. Devrons-nous nous enfermer dans le silence complice et nous auto exclure du monde moderne par des pratiques d’un autre âge ? Nous aurons certainement des réponses après la prière ce vendredi à Dakar. Des pauvres, nous en avons à la pelle. Le baril de pétrole est à 109 dollars US. Le président sénégalais s’est présenté récemment à Washington pour vendre sa fameuse « formule Wade » face la flambée du prix du brut. Certes le dollar continue sa dégringolade mais tout le monde paye le prix particulièrement au Niger et au Bangladesh, pour ne citer que les plus pauvres. L’Arabie saoudite, capitale de l’Islam et premier producteur d’or noir ne veut rien faire pour baisser les prix. Les quotas de production sont maintenus au sein de l’OPEP, organisation des pays exportateurs de pétrole . Qui se soucie des révoltes contre la vie chère ou des émeutes contre la faim dans plusieurs pays ? Pourtant, l’usure, la spéculation sur les besoins des individus est interdite par l’Islam. ISLAM ET DEMOCRATIE Au plan politique, la démocratie est une denrée bien rare dans nos pays musulmans. A quelques exceptions près, il s’agit souvent de royaumes ou d’Emirats engraissés par l’argent du pétrole, de présidents élus parfois pour toute une vie ou de putschistes qui s’évertuent parfois à vouloir transmettre le pouvoir de père en fils. C’est le désert, l’absence de Droit. La démocratie est impossible quand l’accès au pouvoir est toujours une épreuve de force. C’est en partageant et contrôlant le pouvoir qu’un pays pourra progresser vers la prospérité et la stabilité. Mais lorsque « les gagnants gagnent tout, tout le monde est perdant ». Sauf bien sûr les terroristes qui n’ont rien à perdre. Pourtant dans son dernier message, le prophète (Psl) a dit « Ayou hanass », « vous les humains » et non pas « vous les musulmans »... Idy Fall, Arlington, Virginie, Etats-Unis. Email : idifall@aol.com
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